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Mocoa : entre admiration et humilité face à la nature

Voyagez aux portes de l'Amazonie à Mocoa, où les savoirs ancestraux et les pratiques des peuples indigènes sont toujours présents, autant que les séquelles de la catastrophe de 2017.
Une petite fille est debout dans les ruines d'une cabane effondrée dans la ville de Mocoa en Colombie.
Représentation de la ville de Mocoa, avec une évocation de la catastrophe de 2017, produite par intelligence artificielle

Aux abords de la ville de Mocoa, un vendeur de glaces pousse une charrette qui grince le long d'une route cabossée. Elle grince sa charrette, mais la sonnette y est bien accrochée, et même s'il boite un peu ce monsieur, il continue, envers et contre tout.

Au delà d’être une métaphore évidente de la Colombie scarifiée par des années de guerres civiles, c'est également une image qui représente adéquatement la ville de Mocoa.

Représentation par intelligence artificielle d'un vendeur de glaces sur une route en terre battue a Mocoa.
C'est quand-même pas mal cette intelligence artificielle non ? Bon à part quand elle livre ses pensées les plus sombres...

Capitale du département du Putumayo, la ville, aux portes de l'Amazonie, jouit d'une richesse immense, qui a douloureusement marqué son histoire : l'eau.

À la croisée des fleuves Mocoa, Taruca, Sangoyaco et Mulato, la ville est, en plus, arrosée annuellement par près de 4600 mm de pluie étalés sur quelques 260 jours par an en moyenne.

Cours d'eau et foret dans la région de Mocoa.
L'eau, sous toutes ses formes, aux alentours de Mocoa.

La route qui m'y mène me rappelle constamment cette réalité, et Andrès, le chauffeur du camion dans lequel je fais du stop, me montre du doigt les griffures que cette eau bénite a laissé ça et là. Ici, une portion de route a été complètement lavée, là un pont sectionné. Ce trou où du béton, anciennement route, gît ? L'eau l'a creusé il y a à peine 1 an. L'eau.

Pas la dynamite, pas les Avengers ou la guérilla. L'eau, cette ressource si mal repartie et indispensable dont nous, humains, manquons déjà et qui nous manquera d'autant plus que sa demande va en augmentant.

Carte de la situation du stress hydrique dans le monde en 2019 établie par le World Ressources Institute
La situation du stress hydrique dans le monde en 2019 établie par le World Ressources Institute. Source : Genetics4good — Travail personnel, GFDL https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=81237832

La tragédie de 2017, un phénomène prévisible ?

"Environ 90 % de toutes les catastrophes naturelles sont liées à l’eau" peut-on lire dans un rapport mondial des Nations Unies de 2019.

Quand survient la catastrophe de 2017 à Mocoa, la population est sous le choc. L'ampleur de la catastrophe et la rapidité du phénomène ont ému non seulement en Colombie mais aussi à travers le monde et les photos immortalisant cette catastrophe ont fait le tour du monde.

Un homme marche dans une zone touchée par les inondations à Mocoa en Colombie.
Le débordement du fleuve Mocoa et de ses affluents a eu lieu dans la nuit, vers minuit. Certains n'ont pas eu le temps de se réveiller. Source : El Pais

Cependant, et sans grande surprise, le réchauffement climatique et l'action humaine, sans avoir causé le problème, en ont été des facteurs aggravants.

Comme le souligne le géologue colombien German Vargas Cuervo, la couverture végétale et forestière, impactée par la déforestation, n'a pas pu servir d’éponge aux quantités d'eau impressionnantes qui ont provoqué le débordement des cours d'eau ni d'obstacle à la coulée de boue dévalant sur Mocoa (à ce propos, vous pouvez lire cet article de Reporterre, qui résume le phénomène et ses causes, même s'il se méprend sur l'origine du problème, la déforestation n'ayant pas causé le phénomène mais l'ayant favorisée).

La conscience des risques naturels qui entourent Mocoa est à présent mieux perçue par ses habitants. Mais l’intensité des bouleversements qu'imposent les changements du climat laisse présager de nouvelles catastrophes.

La route vers Bogotá

Après 3 jours, je quitte Mocoa, le rassemblement de l'arc-en-ciel (dont un article en préparation expliquera les teneurs) et la foret pour me diriger vers Bogotá, la capitale colombienne perchée à 2 640 mètres d'altitude, bien loin de la vie tranquille et calme de Mocoa, en passant d'abord par le désert de la Tatacoa.

Pour la première fois de ma vie, je ferai du stop actif en conduisant illégalement un scooter avec une femme qui avait l’age de ma mère et qui se rendait à Pitalito pour un rendez-vous médical. Je rencontrerai également Alex, dont le désir d'aventures et la fascination pour les voyages en sac à dos l'ont amenés à me faire visiter un bout de sa ville de Neiva, où il me fera découvrir l'ajiaco, spécialité très populaire en Colombie, tout comme la lechona, cochon de lait accompagné de riz poêlé et de petites arepas.


Commentez, partagez, faites connaître si vous aimez, pour que mon tarp troué se transforme en tipi radiateur inclus, puis en maison roulante avec plateformes de streaming, massages thaïlandais, jacuzzi sur le toit, et poubelles de recyclage (pour rester, tout de même, en adéquation suffisante avec mes principes...
"Quels sont-ils déjà ?" je demande, après que l’évocation d'une maison roulante avec massages et jacuzzi m'ait frappé si fort d’émotion qu'elle a fait naître en moi une amnésie généralisée comme si j’étais vieux et de droite).