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Dame la cola 🐎🫴🛻

3 jours de pouce de San Antonio de los Altos (Venezuela) à Santa Marta (Colombie).
Dame la cola 🐎🫴🛻
Boy hitchhicker, Duane Stephen Michals, 1968 ©CC0 Public Domain Designation

Vous l'avez peut-être constaté mais mon blog n'est, au final, qu'une énumération naïve et irrégulière des nombreuses inégalités dont j'ai été un témoin engourdi. Le récit de ces 3 jours de stop au Venezuela jusqu'à la frontière nord avec la Colombie est une pierre de plus apportée à cet édifice personnel. 

De San Antonio de Los Altos à Santa Marta, 1037 km en tout, en stop, en bus, en taxi et à pied (quelque chose comme 300 mètres).

Jour 1 : Alejandro, mon hôte et ami, qui habite en périphérie de Caracas, me déconseille de commencer le stop depuis la maison qu'on partage depuis deux mois. "Personne ne fait du stop ici" m'assure t-il "ça sera trop compliqué pour sortir de la ville". Il me convainc et me dépose vers 10h à l'arrêt d'un bus qui me mènera de "San Antonio de los Altos" jusqu'à "Los Teques" où je prendrais un bus pour "Maracay". Comme une pierre qui a besoin d'une fronde pour se lancer, je me sers de ces bus pour faire le point et convoquer mon courage, parce que pour être complètement honnête, j'ai peur. Quand on est arrivé à Caracas avec David en juin dernier, et qu'on avait raconté à Alejandro notre déambulation dans des zones que lui ne fréquente plus, il était abasourdi. Il avait ensuite raconté notre "aventura caraqueña" à tous ses amis, et le récit exagéré provoquait, à chaque fois, la même sidération et le même constat : voyager comme ça, ici, c'est dangereux. 

Heureusement, je ne suis pas seul. David, plusieurs semaines avant moi, a levé le pouce direction la Colombie ; des copines françaises ont, sans problème, fait du stop sur des longues distances et un camarade allemand, croisé sur l'île de Grenade, a réussi à rejoindre le Brésil. Je ne suis donc pas un pionnier, je marche dans les pas de ceux qui, avant moi, ont eu à douter et à choisir leur route. 

Alejandro y David, back in the days ❤️

Vers midi, j'arrive à Maracay et je rencontre un chauffeur et entrepreneur, chef d'une petite boîte de transport de passagers. Je lui demande s'il connait le meilleur endroit pour faire du stop, ou plutôt le meilleur endroit "para pedir la cola" (au Venezuela, on ne dit pas "faire du stop" mais "pedir la cola", expression qui prend ses origines au XIXe siècle, quand les soldats vénézuéliens à pied demandaient aux cavaliers la permission d'attraper la queue de leurs chevaux pour monter plus facilement les côtes). Il me répond qu'ici, pour que ça marche, il faut aller aux péages. Il me propose d'attendre que son ami débarque avec l'un de ses bus pour m'emmener au péage le plus proche, celui de la Cabrera. 

Dans ce genre de bus 😎. Source : últimas noticias Venezuela

Arrivé au péage, je monte rapidement à l'arrière d'une camionnette, aidé par l'une des employées, qui savait que je n'étais pas d'ici et qui a crié au chauffeur "allez, prends le !". À l'arrière, je me permets de siester. La peur s'est évanouie, remplacée par l'excitation. 

La vue depuis l'arrière

Arrivé au péage de la Guacara, je rencontre des vénézuéliens qui veulent, comme moi, aller en Colombie, mais pour motifs très différents. L'un d'eux est père d'une famille de 4 enfants et avec sa femme, ils tentent d'aller jusqu'à Cúcuta et ensuite Bogotá. Ils demandent à tous les camions, surtout ceux dont la remorque ou le plateau sont vides. Avec eux, deux hommes, un jeune et un plus vieux. Jhondi et Hitler (oui, Hitler, un surnom, peut-être, mais peut-être pas, sûrement parce qu'ici, la mémoire du personnage n'est pas aussi maléfique qu'en Europe. Au Mexique, je me souviens que certaines boutiques proposaient des figurines et des t-shirts du dictateur nazi, comme s'il était ici un genre de rockstar), qui veulent eux aussi partir au plus vite en Colombie. 

"The Two Walls"© d'Alejandro Cegarra, vénézuélien lauréat du World Press 2024 pour sa série sur les migrants latino-américains voulant traverser les frontières pour arriver aux Etats-Unis par tous les moyens possibles (ici, sur un train de marchandises au Mexique).

Au bout de plusieurs heures sans succès, Jhondi, Hitler et moi décidons de passer la nuit près d'un poste de contrôle de la Guardia nacional, sous un préau abrité de la pluie, près d'une rigole où un bout de gazon artificiel nous sert de matelas. L'idée, soufflée par Hitler, est de provoquer la pitié chez les fonctionnaires armés pour qu'ils finissent par nous trouver quelqu'un qui partirait vers l'ouest, vers la Colombie.

La Guardia nacional inspectant les véhicules au péage.

Jour 2 : à 6h du matin, après une nuit pluvieuse sans sommeil réparateur (parce qu'un toit aux taules trouées et rouillées laisse forcément passer la pluie), le café bien sucré qu'Hitler a dégoté auprès des routiers est un délice réconfortant. Il me propose également à manger mais je refuse parce que je suppose que lui et Jhondi en ont plus besoin que moi. Vers 10h, une camionnette accepte de nous emmener au péage de Raya. D'ascendance portugaise, Manuel, le chauffeur, me raconte comment ses grands-parents sont arrivés ici dans les années 70 quand le Venezuela était un pays d'immigration. Il me dit qu'il a gardé des liens avec le Portugal et qu'il a une maison à Lisbonne, mais qu'il ne veut pas y habiter. Le Venezuela, même avec tout ce qu'il s'y passe, est, pour lui, le plus beau pays du monde. Je regarde par la fenêtre défiler le sol rouge argileux, la végétation verte émeraude et le soleil qui paraît dix fois plus brillant qu'en métropole, et j'acquiesce. 

On arrive enfin au péage de Raya et, pour changer, je m'en vais demander à la Guardia de l'aide pour la cola. Ici, tous les péages sont contrôlés, et les gardes nationaux ont toute latitude pour arrêter, questionner, retenir qui ils veulent. Ils ne demanderont jamais de l'argent, c'est illégal. Par contre, on leur fera des cadeaux "tenez messieurs, une bouteille pour vous, avec ce soleil vous devez avoir soif" ou "pour vous des pâtisseries de ma boulangerie, ça me fait plaisir". Et si le chauffeur est récalcitrant, s'il ne donne pas sans qu'on lui demande, le contrôle dure éternellement et rien ne va. Le feu avant droit est sale donc dangereux, le pneu arrière droit est dégonflé, l'un des essuie-glace est tordu, bref, du zèle de compétition. La chance que j'ai, c'est que je suis français. Quand je montre mon passeport, passé les questions et le doute sur ce qu'un français fait ici, la Guardia finit par aider presque toujours. J'attends donc qu'ils me fassent un signe. Mais après de longues minutes à suer sous la chaleur tropicale de ce soleil bien trop brûlant quand la camionnette ne nous abrite plus, je décide de chercher seul et je vais moi-même demander aux voitures qui passent, et ça paye : un pick-up noir accepte de nous emmener jusqu'à Barquisimeto. 

Le vent nous fouette le visage, et nous arrache des sourires d'enfants. Hitler me tapote sur l'épaule et me montre du doigt la montagne de Sorte, connue et fantasmée dans tout le pays à cause de la sorcellerie qui y serait pratiquée. On arrive au péage avant Barquisimeto. Je n'ai ni eu la réactivité ni le courage de hurler au chauffeur de nous déposer ici, alors il continue jusqu'en ville. En pleine ville, Hitler et Jhondi fouillent dans les poubelles pour trouver à manger. Ils dégotent des restes de KFC, de nouilles, de frites, de biscuits. Loin de mon dumpster diving, où on l'on ne prenait que des produits emballés, pas trop gondolés, ici, l'assiette, c'est la poubelle.

Jhondi le timide ☺️

Alors que je propose de faire du stop pour retourner au péage, Hitler, lui, préfère marcher. Alors on se sépare. Eux marchent le long de l'autoroute, moi je tente le stop, juste à côté de vendeurs de glaces. Une voiture s'arrête, je vais pour demander. "On est full" et en effet, je vois que l'arrière est bondé. Je reprends position et je relève le pouce. Au bout de 20 minutes, l'un des vendeurs de glace vient et me tend un billet. Je refuse en souriant et lui dis que j'ai assez pour prendre le bus mais que je préfère la cola. Il comprend à moitié. Dans le même temps, je vois la main du chauffeur qui s'est arrêté me tendre des bolivares. Je vais lui parler et lui dis la même chose qu'au vendeur. Personne ne comprend vraiment. Ici, une distance se fait en bus, en voiture, mais pas en stop. Ici, ceux qui font du stop sont ceux qui ne peuvent pas faire autrement. J'abandonne l'effort d'expliquer et d'attendre et je monte dans le bus qui arrive. En 2 minutes, je suis au péage.

J'y rencontre un militaire qui part en cola pour une formation près de Barinas. Ici, il est courant de voir des militaires faire du stop et il est de mauvais ton de leur dire non. Alors que je discute avec lui, un homme arrive avec des baguettes de pain. Il me demande ce que je fais, je lui dis que je suis français et que je vais en Colombie. Le militaire tombe des nues en se rendant compte que je ne suis pas d'ici. L'autre prend mon passeport et va demander de l'aide à la police. Je ne dis rien parce qu'au fond, ça m'arrange. Je préfère qu'ils ne sachent pas que je pourrais prendre un long bus jusqu'à la frontière et que dans ma chaussette droite, 60 dollars y dorment depuis que je suis parti de chez Alejandro. Je reste avec les policiers un moment et je discute. Ils m'offrent des bananes et de l'eau, m'écoutent, et sont tous étonnés. Pourquoi je suis parti, comment je finance mon voyage, qu'est ce que je faisais en France, comment ça se passe là-bas ? Tout y passe et dans les yeux de certains, je vois le désir de voyage réveillé. Une policière m'avoue même qu'elle aurait voulu partir en Espagne mais que, sachant sa mère malade, elle a décidé de rester pour s'occuper d'elle. C'est dans ces moments là que je réalise pleinement la chance et le privilège que j'ai de pouvoir aller où je veux.

Encore à l'arrière d'une camionnette

Quelle facilité ! Être occidental, parler plusieurs langues, avoir un diplôme, avec un minimum pour vivre. Ici la majorité n'ont jamais de vacances, mais un jour qui tombe du ciel, par miséricorde, ou un jour chômé en souvenir de "El Commandante". On m'aide beaucoup parce que je suis étranger, européen, français. Si j'étais Hitler ou Jhondi, ça ne serait pas la même chose, je le sais. Je n'aurais jamais pu voyager en dehors du pays, ou choisir mon niveau de confort, ou mon moyen de transport. Étonnant, édifiant, surprenant, incompris. A quoi sert votre tour du monde et pourquoi le faites vous ? La raison matérielle rattrape la spirituelle et philosophique. Je suis parti pour mieux connaître le monde et me comprendre moi-même. Mais cette quête, qu'est-elle pour ceux qui mangent parfois, qui galèrent chaque jour, et qui n'ont jamais vu ni la mer ni la neige ? Folie de quitter un pays que tout le monde m'envie. 7 millions ont déjà quitté le Venezuela, et moi, je divague en stop comme un imbécile heureux. 

Après le péage de Barquisimeto, je vais de péage en péage, où on me pose les mêmes questions. Près de Quibor, un policier qui parle anglais est heureux de me faire la conversation, qu'il entame néanmoins par une question notée et traduite sur son téléphone "avez-vous de l'argent pour m'aider à vous aider ?" Comme souvent, je n'ai pas besoin de trop convaincre : mon mode de transport défend sa cause tout seul. Et puis, il m'a vu dormir par terre tout à l'heure, alors il n'insiste pas. Je reste à côté d'eux un moment et puis je vois, au bout d'un temps, un homme qui arrive au checkpoint en camionnette tendre un billet par la fenêtre. L'un des fonctionnaires s'en saisit et le chauffeur continue sa route. En riant, le fonctionnaire montre le billet à ce qui paraît être l'un de ses supérieurs. Celui-ci lui arrache le billet des mains et le met dans sa poche. Plus tard, quand il le sortira de sa poche, je suis persuadé que son supérieur le lui arrachera aussi, et ce jusqu'à que Maduro s'en saisisse. Voilà comment fonctionne la répartition des richesses ici. 

La terre rouge, la végétation luxuriante : plus besoin de voyager, ici il y a déjà tout !

Jour 3 : je suis fatigué. Je me suis reposé deux heures près du checkpoint de Quibor et j'attends toujours que quelqu'un me prenne en stop. Il est 4h du matin, le trafic devrait reprendre. Vers 5h, je reviens à la charge et me fais voir des policiers. Il faut toujours revenir à la charge et ce n'est qu'à force de répétitions et d'insistance qu'ils finissent par m'aider, incommodés par ma présence curieuse. Un camion s'arrête, les policiers lui demandent sa destination, il répond "Maracaibo" et les policiers lui demandent de me prendre. Jhonma accepte et j'embarque avec lui jusqu'à Maracaibo. Au début timide et sceptique au sujet de cet étranger imposé par les policiers, la glace finit par se briser et la confiance s'établit. La gentillesse vénézuélienne n'ayant pas de limites connues, il descend un moment dans un petit village près de l'immense lac de Maracaibo, le plus grand d'Amérique du sud et l'un des plus vieux sur Terre, et revient avec des empanadas encore chaudes et de la guasacaca, sauce vénézuélienne à base d'avocat, de persil et de coriandre.

On se quitte au péage de Punta iguana à Maracaibo, et je reste un moment sous le soleil, à réfléchir sur ma route. Je tâtonne sans cesse, je me pose mille questions, et au final, j'en n'ai de réponse que le silence et le bruit. 

Toutes ces choses qu'on peut faire avec des 👍

Nouveau péage, même technique. Je me rapproche des gardes nationaux, leur demande de l'aide, ils me posent les mille questions habituelles et finissent par m'indiquer un préau sous lequel se mélangent gardes nationaux, vendeurs de biscuits dans les petits bus qui mènent à la ville, et autres habitués du lieu. Celui qui apparaît être le plus gradé parmi les gradés s'intéresse particulièrement à mon parcours et finit par m'offrir à manger. Dans une salle en cours de rénovation, près du péage, je m'assieds à une grande table et une jeune femme apparaît quelques instants plus tard avec une assiette.

Cette assiette d'arroz con carne guisada (viande mijotée en ragoût). Source : cookpad.

Presque 3 jours que je grignote sur la route, aujourd'hui je vais enfin manger. Quand le bœuf en sauce mélangé au riz blanc cuit à la perfection atteint ma bouche, je comprends que tous les repas précédents n'en étaient pas vraiment, vulgaires mâchouillements sans conviction, excités par la force de l'habitude. Aujourd'hui, je mange enfin, et lentement, lentement, encore plus lentement, la danse des goûts est un opéra où chaque épice est l'actrice principale. 

Au bout d'un temps, quand le trivial est enfin revenu au galop, je me permets de discuter avec le jeune agent de l'office migratoire qui m'a accompagné jusqu'ici. "C'est un super lieu cette grande salle. Quand est-ce qu'elle sera enfin rénovée ?". Il fronce un sourcil surpris et me dit que la salle est déjà rénovée et opérationnelle. Je n'ose pas pointer du doigt les fils électriques qui dépassent ainsi que les murs à la peinture écaillée. S'il dit que la salle est finie, c'est que mes yeux me trompent. Et puis, je ne veux pas qu'il me prive de dessert. 

Ce dessert : una torta de pan. Source : curadas.

Quand je reviens sous le préau, la chaleur pèse sur tous. Je pense devoir passer la nuit ici quand je vois de loin deux militaires parlant à un camionneur. Ils me font signe de venir et je cours. Le camionneur en question accepte, embarrassé cependant de me prendre. Lui et son neveu sont Wayuu, une ethnie vivant sur la péninsule de la Guajira depuis plusieurs centaines d'années, et ils doivent rejoindre le village de Maicao, première grande ville colombienne une fois passée la frontière. 

Femme Wayuu en tenue traditionnelle. Source : etniasdelmundo.com

Je tente de discuter mais ni l'un ni l'autre n'ont l'air de vouloir, amères sans doute d'avoir été forcés de me prendre. Au bout d'une vingtaine de minutes, le chauffeur me dit qu'il a trop peur de passer la frontière avec un étranger.

Vue de la ville de Maracaibo depuis le "Puente General Rafael Urdaneta" de 8.6 km de long.

Il me dépose au péage de San Rafael et donne un billet de 5 dollars au chauffeur pour qu'il me dépose au poste frontière. Dans le bus, je suis le seul clair de peau, à l'exception d'un jeune vénézuélien qui doit traverser la frontière, aidé par la Guardia nacional que lui et sa maman ont payé en amont. 

La Guajira : aride, mystérieuse, sèche et pauvre

Quand ils descendent après une vingtaine de minutes, je suis le seul étranger dans le bus et peut-être l'un des seuls sur cette vaste péninsule. Le paysage défile par la fenêtre, des vieux hommes tendent des cordes épaisses des deux côtés de la route pour en faire des péages improvisés, et je vois de l'essence partout. Ici, tout le monde en vend.

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Le prix de l'essence, beaucoup moins cher au Vénézuela qu'en Colombie, a fini de convertir tous les hommes wayuu aptes en businessmen avertis, tous propriétaires de 125 cc. Ici, il y a plus d'essence que d'eau (et le peu qui arrive finalement est vendu à l'unité, par pochette plus ou moins grande, et leur goût trahit leur provenance, sûrement dessalinisée).

Pochette d'eau de 300ml

On arrive enfin à la frontière, et le temps des réflexions est terminé. Par la fenêtre, j'aperçois une trentaine de motards et chacun me propose de traverser la frontière pour 10.000 pesos colombiens (l'équivalent de 2.50€). Ils pensent sûrement que je suis un vénézuélien de Caracas qui veut passer sans se faire voir des autorités. Sur moi, je n'ai que quelques pièces et les sors volontiers pour leur prouver à quel point je suis un mauvais client. J'entends l'un d'eux dire en rigolant "t'as pas d'argent mais t'as un sac à dos à deux millions ?" puis un autre qui se rapproche de moi en me disant "tu n'as pas d'argent mais tu as peut-être un téléphone ?". À ce moment, je n'ai plus qu'un but : trouver le poste frontière pour vite rejoindre la Colombie. J'y arrive finalement, il est 19h, je fais tamponner mon passeport par l'office migratoire vénézuélien et dans ma tête, une question lancinante m'obsède : comment vais-je faire pour rejoindre Maicao avant la nuit ?

Il est des mystères qui vous touchent et vous caressent avec une force troublante et un pouvoir réparateur et vous raccrochent à l'univers en vous faisant presque signer votre adhésion à la secte la plus proche. Quand je sors de l'office migratoire, un homme m'ayant entendu demander conseil à l'agent de l'Office migratoire me dit qu'il lui reste une place dans le taxi que lui et sa femme prennent pour rejoindre Maicao. J'accepte sans discuter et, après avoir fait tamponner mon entrée sur le territoire colombien, je saute dans le taxi et entame la discussion avec ce couple adorable, dont la fille fait des études à Lyon.

J'ai fini par rejoindre la ville de Santa Marta, où j'y croise l'ami David, et je termine l'aventure à l'hostel de luxe au bord de la plage dans lequel il travaille. Du sol bétonné des routes vénézuéliennes où j'ai dormi jusqu'à ce poké bowl que j'engloutis, rien ne justifie ni le souci, ni l'attente, ni la soif, ni la faim, ni la douleur, ni l'amitié, ni l'amour, ni la générosité. Mais ai-je besoin de raisons si je m'abandonne à vivre ?

Surf, copains et copines, plage, coucher de soleil avec éclairs, yoga : les vacances après le charbon

En prime et pour finir en beauté, vous trouverez ci-après un audio rigolo que les stands de hot-dogs en Colombie utilisent pour attirer le chaland :

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Super Perro
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