4 min read

Camajuya

2/2
Camajuya
The Awakening of the Forest, Paul Delvaux, 1939, ©CC0 Public Domain Designation

...d'un parc sous-marin où des statues sont disposées un peu partout. En cercle, assis sur un banc, ou à une table avec un café et un plateau de fruits ou une machine à écrire. Les scènes de vie sont figées sous nos yeux et les seules choses qui trahissent leur inanité sont ces poissons colorés qui leur tournent autour et leur arrachent parfois des bouts de peaux d'algues puis s'en vont les déguster plus loin.

© Grenada Underwater Sculpture Park

Le lendemain, on débarque enfin à Grenade et immédiatement, je m'y sens bien. Il y a des endroits dans le monde qui vous attirent sans que vous le sachiez et quand vous y êtes finalement, vous comprenez enfin l'appel sourd qui vous y avait mené. Grenade est de ceux-ci.

Mangues impériales au marché de St. George's

Dès les premiers jours, on découvre le Hash. Née à Kuala Lumpur en 1938, le Hash était une manière pour les soldats de l'Empire colonial britannique d'évacuer l'alcool et le gras par la course à pieds et la marche. Aujourd'hui, ce "drinking club with running problems" est devenu un événement hebdomadaire, interrompu depuis 1985.

Au Hash, voilà ce qu'il se passe quand vos chaussures sont neuves

Alors un Hash, comment ça marche ? Les sentiers sont d'abord balisés par des morceaux de feuilles hachées ("hash" en anglais venant du français hacher) qui permettent aux "hashers" de se repérer. Si ce n'est pas assez, ils peuvent s'entraider en criant des phrases clés comme "Are you ?", ce à quoi le hasher les précédant doit répondre "On, on !" s'il pense être sur le bon chemin, ou "On back !" s'il pense s'être trompé.

Le Hash sert aussi à découvrir de nouveaux fruits, comme cette "sugar apple", appelée "pomme cannelle" en Gwada et en Martinique.

La relation ambiguë et potache des militaires à l'alcool est restée, et chaque fin de hash est rythmée par un rassemblement où les hasher peuvent profiter de nourriture et de bière pas chère. La bière est même parfois gratuite quand elle est déversée sur les hashers vierges comme nous lors d'une petite cérémonie de fin de journée.

C'est à cette occasion que je rencontre Thierry et Mowgli, deux amis suisses d'Alex et Bruna, qui voguent sur les mêmes eaux, dans le même sens, et qui partagent la même envie de vivre que nous.

...et celle de l'histoire de Grenade, comme ici avec cet avion offert par Cuba dans les années 60

Pendant toute la semaine, le hash sera notre boussole de sociabilisation. On rencontrera notamment Bruno, lorrain aventurier, à Grenade depuis plusieurs années, surnommé "Monkey Business" parce que pendant plusieurs années, il guidait les touristes en montagne avec deux singes qui se baladait en liberté et qui, au sifflement de leur maître, revenaient sur ses épaules.

La vie caribéenne, avec son rythme léger, doux et tranquille me remplit d'une joie familière. Si j'avais plusieurs vies, j'en passerais quatre ici, dans ces eaux claires, avec ces gens simples et agréables, souriant comme des enfants ; aimables et rieurs comme si la vie était simple.

Les bons touristes

Sur le bateau, alors que ces réflexions ondulaient dans ma tête, j'entends "Is this the Orenol ?" En regardant la poupe, j'aperçois un blond au yeux plissés nageant vers moi. "Are Bruna and Alex here ?". Je reconnais à son allure un membre de la grande famille des bateaux-stoppeurs. "Yaisse", dis-je, et aussitôt, David monte à bord et embrasse Alex et Bruna qui viennent d'apparaître. Il les avait rencontrés dans les Grenadines alors qu'il était sur le bateau de Thierry et Mowgli.

Manger coco au sommet du Mount St. Catherine

Alors qu'on discute et qu'on fait connaissance, on voit à fleur d'eau une tête brune dépassée. Une minute plus tard, Carlos, bateaux-stoppeur avec qui David voyage à Grenade, nous rejoint et bientôt, on partage du poisson en croquettes, pêché entre Carriacou et Ronde Island.

Alex et son délicieux pain de nav !

David embarquera avec nous pour Los Roques et c'est à 4 joyeux marins que l'aventure continuera !