Bogotá, ville de cultures et de mouvements
Bogotá, Bogotá... mais qu'est-c'que j'fais là ? Moi qui n'aime pas les villes, celle-ci ne me fera pas changer d'avis. Du bruit, du gris, des immeubles grands qui font peur et qui cachent la vue sur les montagnes voisines. 3e plus haute ville du monde, mais où sont tes montagnes ? Perdues dans la fumée que tes bus et voitures crachotent ?
Bon, se reprendre, ne pas s'éparpiller. Le bonheur n'est qu'affaire de volonté, après tout... Qui disait ça déjà ? Corneille ou Matt Pokora ? Peut-être Thatcher... Bref, ne pas s'éparpiller et se souvenir de la raison de ma venue ici.
Bogotá et sa culture, voilà pourquoi je suis venu, et en premier lieu, son musée de l'or. Au Canada, chez Nataschaa, un homme qui m'avait appris à me servir d'une fendeuse à bois m'avait parlé de ce musée à Bogotá, me disant que c’était le musée le plus éblouissant qu'il ait vu de sa vie. Évidemment, il n'en fallait pas plus pour éveiller ma curiosité et je me promettais que, de retour en Colombie, j'irais voir par moi-même.
Le musée de l'or de Bogotá
35.000 pièces du métal précieux sont entreposées dans les vitrines du musée de l'or de Bogotá. 35.000 pièces, toutes différentes, toutes resplendissantes, et certaines encore plus que d'autres.
C'est le cas dans l'une des dernières salles, où des chants Kogis, Quimbaya et ceux d'autres ethnies indigènes se mêlent aux bruits de l'eau qui coule et aux lumières qui s’imprègnent et se fondent aux colliers, bijoux, pendentifs et autres poporo (récipient de la poudre de coca qui servait aux cérémonies, notamment religieuses).
Ce qui me subjugue plus que tout, c'est le soin apporté aux détails, la technique peaufinée pour arriver à des pièces d'une beauté artistique que l'or sublime naturellement.

Le témoignage le plus évident de ce savoir-faire est sans doute le "radeau d'or" ou "balsa muisca" en espagnol. Cette pièce implique un travail méticuleux qui, par endroit, est d'une telle finesse qu'on se demande comment l'alliage de métal n'a pas cassé après plusieurs siècles (le secret de la fabrication du radeau : un moulage en cire).

Au delà de la richesse artisanale, cet objet unique raconte une histoire qui a décuplé l’avidité des conquistadors. Cette histoire est celle d'une coutume du peuple Chibchas, indigènes des alentours de Bogotá, qui recouvrait son nouveau roi d'une poudre d'or pour que celui-ci, digne fils du soleil, brille autant que son père à la lumière du jour. Le nouveau roi s'immergeait alors dans l'eau du lac de Guatavita pendant que ses sujets jetaient des objets de valeur en offrandes dans les profondeur du lac.
Cette coutume, avérée, a contribué à construire le mythe de l'El Dorado, qui, dans la continuité de celui des cités d'or, a conduit les espagnols a redoubler d'effort et de barbarie pour le découvrir.
La visite du musée était à la hauteur de ce que j'avais vu scintiller dans les yeux de cette homme indigène canadien. Le seul bémol : la monotonie du parcours.
Chaque salle présentait une époque ou une civilisation et à chaque fois, des panneaux chargés de plusieurs paragraphes attendaient le visiteur, qui devait lire, et lire, et lire, et lire. Pour un musée de cet envergure, je m'attendais à une expérience plus immersive.

Bogotá, lieu d’épanouissement et de convergence pour la culture colombienne
Bogotá compte 58 musées, 62 galeries d'art, 150 librairies et 45 théâtres. l'offre culturelle, sans cesse renouvelée, fait de la capitale colombienne l'une des plus culturellement riches des pays d’Amérique latine.
C'est d'ailleurs ici, à Bogotá, au théâtre Cafam, que j'ai assisté au spectacle "Hecho en Colombia - a corazón abierto", qui présentait, en chorégraphies et en chansons, une partie de l’identité colombienne et donnait à voir le reflet de sa richesse immense.
Musique llanera (ma préférée), cumbia colombienne, salsa : une grande partie du folklore colombien était présent, le tout accueilli par un public surchauffé, galvanisé par la fierté naturelle que beaucoup de colombiens et colombiennes éprouvent pour leur pays et sa diversité culturelle.
Un extrait du spectacle "Hecho en Colombia - a corazón abierto".
Évidemment, Bogotá est aussi une ville touristique, visitée par des millions de personnes chaque année. Alors Bogotá m'a fait découvrir de nouveaux fruits de Colombie...
... les églises-musées où des expositions vous font découvrir des artistes, comme ici dans le musée église de Santa Clara, où l'artiste Juliana Ríos Martínez présente les coutumes et traditions de sa région de la Guajira (là-bas même où je m’étais fait une petite frayeur l’été dernier)...
...le street art, dont la Colombie regorge...
...mais aussi les dérives du tourisme de masse...
...et toujours, en toile de fond, la migration inter et intra étatique des millions de vénézuéliens et vénézuéliennes qui ont quitté le régime autoritaire de l'homme à moustache depuis 2015.
Bogotá, sa richesse, ses maux, est, un peu comme le chantait Gustavo Cerati pour parler de Buenos Aires, "la ciudad de la furia" y de la cultura.
Prochaine étape : Barranquilla et son carnaval !
Bonus : JOROPO !
Cette harpe que je pourrais écouter pendant des heures...
Commentez, partagez, faites connaître si vous aimez, pour que je puisse faire l’acquisition d'au moins un objet en or du musée, les souvenirs. c'est important.
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